Biographie

Diva de la musique africaine

A la découverte d’Afia Mala

Origines et enfance

Son père, enseignant lui prédisait une carrière d’avocate. Mais comment cette enfant, immergée, dès sa tendre enfance, dans un univers de chansons à thème, de compositions parmi les plus percutantes de la musique traditionnelle, avec les spectacles colorés qui vont avec, pouvait-elle échapper à un destin si puissant, si prégnant ?

Afia Mala, Afiwavi Mawulana Catherine Missohou, à l’état-civil, découvre la chanson aux côtés de sa mère, Mélanie Lissassi-Missohou, membre éminente du groupe de musique traditionnelle « Habobo ». Dans la ville de Vogan, où Afia voit le jour, cette
formation, exclusivement composée de femmes, est à la fois un ensemble vocal et une troupe de théâtre, traitant, avec un humour caustique, tous les travers de la société : violence faite aux femmes, maltraitante des enfants, infidélités conjugales, jalousie, scènes de ménage… rien n’était tabou. « Habobo », c’est une bonne soixantaine de voix féminines, audibles au-delà de toutes les espérances. Et chacune a son rôle précis, son instrument attitré. Nombre d’entre elles sont expertes en percussions africaines : tam-tam, maracasse, gon… Les plus douées, et c’est le cas de la mère d’Afia, s’adonnaient à la composition de chansons et concevaient des spectacles de chants et danses.

Le soir, au clair de lune, tout Vogan se réunissait pour admirer les prestations de « Habobo » (en ewé : association). Ce spectacle gratuit était une satire sociale pour le moins virulente et les échos du spectacle de la veille se répandaient, le lendemain, sur le grand marché de Vogan, qui approvisionnait la capitale, Lomé. Spectatrice à la fois assidue et admirative du talent de sa mère, Afia choisit, très tôt, de plaider les causes qui importent en chanson. Papa Antoine Missohou Noutéhou peut oublier les rêves qu’il nourrissait pour sa fille. En grand prince – né à Aného au Togo mais issu d’une famille royale de Dogbo au Dahomey (actuel Bénin), il accepte que Afia vive ses propres rêves.

C’est donc tout naturellement que, dès le collège, Afia Mala commence à écrire et chanter ses premières chansons, soulevant des tonnerres d’applaudissements lors des fêtes scolaires. Bientôt, certains se mettent à la comparer à l’icône de la chanson togolaise, la regrettée Bella Bellow. Entre deux titres de ses propres compositions, Afia aimait aussi interpréter des chansons de Myriam Makéba, d’Edith Piaf, et de quelques autres divas planétaires.

Afia Mala femme d’affaires

Peu à peu, il apparaît clairement que la voie d’artiste de la chanson était toute tracée pour Afia Mala. Mais ce métier, surtout en Afrique, comporte de nombreux aléas, et elle ne le sait que trop. Aussi, commence-t-elle, dès 1989, à investir dans l’hôtellerie,
dans le foncier et dans la promotion immobilière au Togo, mais aussi au Bénin, et même en France et en Angleterre.

Des causes nobles

Mais Afia Mala ne se soucie pas que de son propre avenir. Elle a aussi à cœur le bien-être des enfants des milieux défavorisés. Pour mener ses actions en faveur des tout-petits, Afia a créé une fondation : « Vie et vivre », avec son siège à Lomé, la capitale du Togo. Portée sur les fonts baptismaux, en avril 2OO6, « VIE ET VIVRE » s’assigne comme mission le bien-être des enfants des milieux défavorisés. Pour la diva togolaise, l’investissement primordial pour le développement d’un pays est celui consenti pour l’éducation des enfants, ainsi que pour la santé de la mère et de l’enfant. Aussi, la Fondation construit-elle des écoles, des bibliothèques, distribue des fournitures scolaires aux élèves, organise des colonies de vacances, et multiplie les dons aux hôpitaux. « La tâche, dit Afia, est immense, et toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, conseils et appuis divers ».

Web site : vieetvivre.com

Quelques dates marquantes de sa carrière

1974 : C’est le véritable début de sa carrière. Cette année-là, Afia Mala chante devant quatre mille cinq cents spectateurs au Palais des Congrès de Lomé. Devant l’accueil du public, elle décide qu’elle sera, définitivement, une chanteuse.

1976 : Afia Mala gagne l’étape régionale du concours nationale de la chanson ‘’Intervilles 76’’ organisé par la Radio Télévision nationale du Togo. En août de la même année, elle défend brillamment, à Lomé, les couleurs de sa ville natale, Vogan, lors de la phase finale dudit concours. Sa carrière prend alors une envergure nationale. Trois ans plus tard, on commence à parler d’elle au-delà des frontières de son Togo natal. Et depuis, Afia Mala n’a cessé de se distinguer, partout, par une élégance et une prestance scénique exceptionnelles.

Discographie

1979 : C’est la sortie, chez « Studios la Satel », au Bénin, du tout premier album d’Afia Mala, « DJALELE ». Cet album signe le début de la consécration internationale de la chanteuse.

1981 : Elle enregistre à Paris son deuxième album, LONLON VEVIE, sous la direction artistique de feu Jimmy HYACINTHE. L’album fait un tabac en Europe et en Afrique.

1984 : Elle décroche le Prix 1984 des auditeurs RFI. Les auditeurs de Radio France internationale la plébiscitent pour sa chanson « Ten Hompte », (La Terre Noire).

1987 : Sortie de l’album « ES LA MANANA », produit par Afia Mala et arrangé par Bonkana Maïga. Depuis, Afia Mala produit elle-même tous ses albums.

1989 : Afia Mala enregistre, à Paris, l’album « DESIR ». Un opus réalisé par Manu Lima.

1995 : Sortie de l’album « PROPHETIE », réalisé par Maïka Munan.

1997 : Sortie, à Paris, de l’album « ANGELINA », avec un arrangement musical de Yves Njock.

2003 : Sortie, à Paris, de l’album « PLAISIR », toujours avec Yves Njock. Un opus résolument latino. Chantés en plusieurs langues, les titres sont de véritables métissages des cultures. Lokua Kanza chante, en duo avec Afia, le morceau « Matesso ».

2008 : Afia Mala fait le grand saut et enregistre son huitième album à Cuba avec La Orquesta Aragon. Elle est allée aux sources même de la musique salsa. Elle gratifie ainsi son public d’un album ‘’pur montuno,’’ l’authentique musique traditionnelle cubaine. Les morceaux de cet album sont arrangés par les grands musiciens de La ORQUESTA ARAGON, la prestigieuse formation musicale cubaine, fondée en 1939. D’autres stars de la musique cubaine participent à l’enregistrement, à l’instar de
Rubalcaba, nommé aux Grammy Awards en 2006, qui y a apporté sa touche toute personnelle. Il a joué du piano et arrangé quelques titres ainsi que le regretté Tata Guines, l’un des percussionnistes les plus doués de sa génération.

2019 : Afia Mala revient avec un chef d’œuvre : IDENTITE. C’est la concrétisation de la promesse du recours aux sources de la diva. Véritable patchwork de sons et de percussions, ce nouvel album d’Afia Mala allie musique traditionnelle et moderne. Ici, les instruments les plus insolites s’entrecroisent : tam-tam parlant, « Adoundo », « Atopani », « Sogo », « Kpéssi », « Gbéxoè », « Kadam », « Gon », « Assaya », d’un côté, et de l’autre, violon, contrebasse, saxophone, basse, guitare…
Pari réussi pour « IDENTITE », qui porte bien son nom. Ce neuvième opus d’Afia Mala illustre à suffisance la volonté de l’artiste de relier la pure tradition musicale Ewé, Guin, et Ouatchi au monde extérieur. Au total, plus d’une dizaine de musiciens africains et européens ont travaillé sur ce nouvel album pendant plus trois ans. « IDENTITE » marque, à coup sûr, un tournant majeur dans la longue carrière de la chanteuse.

Plusieurs thèmes en plusieurs langues

Artiste sincère et peu disposée à dire les choses par périphrases, Afia Mala chante et porte ses messages avec une voix chaude, décidée et pénétrante dans plusieurs langues : éwé, adja, lingala, swahili, douala, français, anglais et espagnol. De la condition des femmes aux enfants des rues, de l’amour à l’injustice, de la guerre à la paix, la diva togolaise chante avec une impeccable justesse les maux qui minent certaines sociétés africaines. Le ton est juste. Le message est limpide. C’est ce qui lui a valu, par le passé, d’être primée et nommée à de multiples reprises dans différents prix musicaux sur le continent.

Afia Mala, globe trotter

Sa vie d’épouse et d’artiste de la chanson la conduit à séjourner dans de nombreux pays, sur plusieurs continents : New York, Chicago, Indianapolis, Londres, Paris, San José, Birmingham, La Havane, Islamabad, Dacca, Almati-Kazakhstan, Kinshasa, Nairobi, Lagos, Dakar, Abidjan… Ces voyages ont, évidemment, une influence permanente sur ses inspirations musicales.